Perception des Africains sur la libre circulation des personnes et des biens
Par : Komi AMEWUNOU
Sociologue, éditeur chez Afrobarometer
Le présent texte a servi de support à une présentation orale faite par l’auteur lors du Webinaire de lancement du Groupe Interdisciplinaire de Réflexion sur l’Afrique (GIRA) le 01 mars 2024.
Méthodologie
Pour faire la lumière sur les perceptions des Africains sur la libre circulation des personnes et des biens nous avons utilisé l’analyse des données secondaires. Ces données en question, ce sont les données quantitatives Afrobarometer.
Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains, relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Neuf rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 42 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 9 (2021/2023) couvrent 39 pays.
Les partenaires nationaux d’Afrobarometer réalisent des entretiens en face à face dans la langue de choix du répondant avec des échantillons représentatifs au niveau national qui produisent des résultats nationaux avec des marges d’erreur de +/-2 à +/-3 points de pourcentage à un taux de confiance de 95%.
Les données sont pondérées de façon à obtenir des échantillons nationaux représentatifs. Pour les moyennes multi-pays, tous les pays sont pondérés à égalité (plutôt que proportionnellement à la taille de la population).
Résultats clés
- En 2018/2021 six Africains sur 10 (59%) estimaient que les citoyens devraient pouvoir franchir librement les frontières internationales pour faire du commerce ou travailler dans d’autres pays. Ils étaient 56% en 2014/2016.
- En 2015/2017, 56% des Africains trouvaient qu’il était difficile pour les populations de traverser les frontières internationales pour travailler ou faire du commerce dans les autres pays. Soit une hausse de 5 points de pourcentage depuis 2014/2016.
- En 2015/2017 plus du tiers (36%) des Africains ont déclaré avoir au moins « un peu » pensé à immigrer dans un autre pays.
- Les trois premières destinations visées étaient l’Europe, l’Amérique du Nord et le pays le plus avancé de la sous-région du répondant.
- Les principales causes d’immigration sont la recherche de travail et de meilleures opportunités, les difficultés économiques, la pauvreté et les études.
Soutien constant à la libre circulation
Lors des enquêtes réalisées en 2018/2021, les citoyens africains dans leur majorité (59%) affirment que les Africains devraient pouvoir franchir librement les frontières internationales pour faire du commerce ou travailler dans d’autres pays (Figure 1). Il faut noter qu’une importante minorité (38%) de répondants ont opté pour la limitation des mouvements transfrontaliers des personnes et des biens pour des raisons de sécurité.
Quand la question sur la libre circulation avait été posée en 2014/2016, ils étaient toujours majoritaires (56%) à dire que les Africains devraient être libres de leur mouvement au travers des frontières internationales.
Facilité de traverser les frontières
Les Africains avaient été également interrogés sur la facilité de traverser les frontières internationales. Il ressort qu’en 2015/2017, la majorité (56%) des citoyens africains affirmaient qu’il est « difficile » ou « très difficile » pour les populations de traverser les frontières internationales pour travailler ou faire du commerce dans les autres pays (Figure 3). Seulement environ une personne sur cinq (22%) dit que c’est facile.
En 2014/2016, ils étaient légèrement au-dessus de la moitié (51%) à déclarer que la traversée des frontières est difficile (Figure 3). Le taux d’Africains qui disent que la traversée des frontières internationales était facile a par contre légèrement régressé de 4 points de pourcentage.
Sur l’immigration
Afrobarometer a également demandé à quel point les citoyens africains ont pensé à l’immigration, et éventuellement les destinations de choix ainsi que les raisons qui motivent cette décision.
En 2015/2017 à travers 34 pays, seulement 36% des répondants ont déclaré avoir au moins « un peu » pensé à immigrer (Figure 4).
L’Europe (27%) occupe la première place des destinations de choix de ceux qui ont pensé à immigrer. Ensuite viennent l’Amérique du Nord (21%), le pays le plus développé de la sous-région du répondant (19%), un autre pays de la sous-région (9%) et un autre pays d’Afrique (7%) (Figure 5).
Les principales raisons évoquées par les répondants sont la recherche de meilleures opportunités de travail (44%) et les difficultés économiques (22%) (Figure 6).