Sensibilisation et engagement des acteurs (privés, publics et société civile)

Par : Dr. Moundhir FATHI SAID

Enseignant chercheur en droit Public à l’Université des Comores,

Chercheur associé au CNDRS[1]

 

Le présent texte a servi de support à une présentation orale faite par l’auteur lors du Webinaire de lancement du Groupe Interdisciplinaire de Réflexion sur l’Afrique (GIRA) le 01 mars 2024.

 

La question de l’intégration en Afrique est l’un des projets avancés par les acteurs des pays africains depuis bien avant la création de l’OUA. La genèse d’un effort concerté pour intégrer le continent africain au plan économique peut remonter directement au Plan d’action de Lagos et à la Charte de l’OUA. Cet effort a abouti à l’adoption du Traité portant création de la Communauté économique africaine (CEA)en juin 1991[2] par le Traité d’Abuja qui est entré en vigueur le 12 mai 1994.

La CEA a été créée comme partie intégrante de l’OUA avec pour but principal de promouvoir l’intégration des économies africaines. Il est important de se rappeler que, bien que les dispositions du Traité d’Abuja stipulent que les parties créent entre elles mêmes une Communauté économique africaine, le Traité peut être plus précisément défini comme un cadre ou un accord provisoire pour la formation d’une Communauté économique.[3]

L’ensemble des acteurs contemporains tels que, les Etats, les acteurs privés, les élus locaux et la société civile, se mobilisent pour qu’il ait un changement susceptible de faciliter d’une manière durable l’intégration socioéconomique des pays africains.

Par ailleurs, un projet d’intégration pourrait faciliter le décollage économique des pays africains, sachant pertinemment qu’une politique d’implication stratégique des acteurs soit une priorité. La sensibilisation devrait passer par la conscientisation des acteurs locaux : société civile, opérateurs économiques, coopératives… pour que ces derniers deviennent le noyau de la réalisation du projet ZLECAF.

La question qui nous interpelle et que nous allons tenter d’apporter quelques éléments de réponses est la suivante :   Sans l’engagement et l’implication de ces acteurs précités, l’intégration pourrait-elle être effective ?

Pour illustrer brièvement cette interrogation, nous allons focaliser notre communication sur deux points complémentaires à savoir : l’urgence d’un engagement citoyen pour la réalisation du projet du développement des pays africains, l’exemple du projet, ZLECA ; la nécessité d’implication des acteurs locaux et l’accompagnement des opérateurs économiques pour un développement économique au profit des populations africaines souvent classées au second plan.

Il a été en effet constaté au cours de ces dernières années, que l’Union Africaine dans son agenda 2063, vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable[4] et, à éradiquer la pauvreté en Afrique. La mise en vigueur de la zone de libre échange continental en est la preuve. Mais cette initiative ne peut en réalité se concrétiser sans une stratégie d’implication des acteurs : les collectivités locales et les opérateurs… Le développement socioéconomique des pays africains, doit tenir compte de l’importance d’instaurer une politique d’implication et de valorisation des opérateurs économiques des pays africains, pour que l’émergence du développement économique du continent soit une initiative endogène et par le bas dont le noyau est constitué des acteurs locaux des pays.

L’implication des acteurs locaux et économiques :

La considération et l’implication des opérateurs économiques est indispensable, pour un pays qui a une vision liée au développement. En effet, l’intégration socioéconomique des pays africains, ne peut aboutir d’une manière considérable ou significative, sans que les opérateurs économiques des pays africains soient encouragés, pour que le développement contribue au relèvement du niveau de vie des populations africaines. Ceci pour dire que, l’intégration des pays africains doit d’abord se sentir au niveau des collectivités locales des pays africains. La majorité des collectivités locales de ces pays, constitue une disparité régionale inquiétante ; le manque d’une politique d’implication des acteurs locaux ralentit le développement inclusif des pays africains. Comment peut-on espérer la réalisation d’un projet de zone de libre-échange continentale sans que les collectivités locales africaines soient développées davantage ? La mise en place de la ZLECAF sans l’accompagnement effectif des acteurs locaux, notamment les opérateurs économiques et les initiatives de la société civile africaine, serait un projet qui bénéficierait seulement aux multinationales, au détriment des opérateurs économiques des pays africains.

C’est dans ce contexte que nous recommandons pour qu’il ait une Afrique prospère capable de répondre aux besoins de ses populations :

  • La mise en place d’une stratégie d’implication des acteurs locaux : élus, coopératives agricoles, pêches…
  • L’accompagnement des opérateurs économiques des pays africains avec une commission de suivi, pour que ces fonds soient investis dans des projets susceptibles de répondre aux besoins des populations cibles ;
  • L’instauration des centres de formation professionnelle et d’insertion de la jeunesse notamment locale.

Référence bibliographique :

  • Agenda 2063 : vue d’ensemble
  • Chartre de l’Organisation de l’Unité africaine ouverte à signature le 25 mais 1963
  • Communauté des États sahélo-sahéliens (CEN-SAD), 1998

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[1]  Centre national de documentation et de recherche scientifique

[2] Chartre de l’Organisation de l’Unité africaine ouverte à signature le 25 mais 1963, 479 UNTS 39 (entré en vigueur le 13 septembre 1963), Integration africaine.pdf

[4] Agenda 2063 : vue d’ensemble ;

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